Mathias

Il venait de tomber une fine couche de neige quand j’ai rejoint Mathias à sa parcelle louée à St-Louis-de-Blandford. Malgré le blanc qui couvrait le champ, on voyait bien le labour qui avait eu lieu quelques jours auparavant.
«J’ai trouvé un voisin qui a accepté de venir labourer à forfait. Je suis assez satisfait du résultat » me lance le jeune agriculteur.

Mathias s’est d’abord inscrit au service Banque de terres dans la MRC de L’Érable en 2016. Il a été parmi les premiers aspirants-agriculteurs inscrits au service de L’ARTERRE Centre-du-Québec dès son lancement, en mars 2018. Formé au Cégep de Victoriaville en gestion d’entreprises agricoles, Mathias cherchait une location de 2 à 30 acres pour un projet en maraîchage diversifié. Depuis 2016, Mathias a visité de nombreuses terres. Plusieurs fois, les propriétaires se montraient intéressés, mais, à chaque fois, les discussions avortaient pour différentes raisons. Persévérant, Mathias a profité de cette période pour peaufiner son projet et développer un solide réseau de contacts dans la région. Finalement, au début de l’année 2020, une première rencontre avec deux propriétaires fonciers de St-Louis-de-Blandford semblait prometteuse. Nous étions à la fin février, les deux parties ont commencé les négociations. Mathias espérait pouvoir travailler les prairies dès le printemps, mais, encore une fois, une roche s’est glissée dans l’engrenage.

La pandémie de COVID-19 a provoqué des remises en question chez plusieurs personnes. En cette période d’incertitude, les propriétaires ont préféré mettre sur pause leur démarche. Déçu, mais compréhensif, Mathias s’est retroussé les manches et a continué ses recherches de terre à louer durant l’été. Après plusieurs semaines d’arrêt, les négociations entre les propriétaires de St-Louis-de-Blandford et Mathias ont repris à la fin de l’été. Elles se sont concluent en septembre avec un bail de 5 ans, pour 5 acres.

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Novembre, Mathias et moi discutons de ses projets pour la saison 2021.

« Ma culture principale sera l’ail, mais je pense aussi implanter quelques cultures sur paillis plastique, comme des courges et des melons. Le reste sera en jachère et en engrais vert.»

L’histoire de Mathias est à l’image du parcours sinueux qu’auront de nombreux aspirants-agriculteurs avant de s’établir en agriculture. En plus de nécessiter une préparation sur plusieurs niveaux, un projet agricole demande une bonne dose de détermination.